affiche OLF carrée prostitutionCarrée de projections, ce sont quatre films, quatre histoires, quatre  visions pour amorcer une réflexion sur la prostitution.  Sujet sensible, entre clichés et fantasmes, la prostitution pose beaucoup de questions. Que se cache-t-il derrière ? Quelles sont les conséquences de la prostitution sur la vie des femmes qui se prostituent ? Sur « le vivre ensemble », et sur l’égalité entre les femmes et les hommes ?

Au mois de mars, pour la première fois,  Carrée de projections propose au grand public de découvrir la prostitution à travers le regard de quatre femmes réalisatrices et d’en discuter ensuite à l’issue des projections.

Des projections à l’initiative de Osez le Féminisme Belgique et de Elles Tournent asbl, qui reçoit le soutien de l‘Institut pour l’Egalité des Femmes et des Hommes .

A vos agendas :

Le 12 mars à 19h, au Théâtre de la Vie

« Mémoire close », un court métrage de Morgane Nataf et Georges Harnack (16′), Documentaire, (2012). Les souvenirs d’une survivante.

« L’imposture » (2011) de Eva Lamont ; des femmes qui se sont prostituées y dénoncent la tendance actuelle à faire de la prostitution un métier « comme un autre ».

Ouverture en présence de Rosen Hicher, ancienne victime de la prostitution.

Modération : Pascale Maquestiau du Monde selon les Femmes

Suivra le 21 mars à 20h « Chaos » (2001) au Centre Culturel de Jette. La réalisatrice, Coline Serreau implique le spectateur au travers d’un couple confronté par hasard à l’histoire de Malika, une jeune fille victime d’un réseau de proxénètes.

Modération : Isala, asbl belge d’aide aux femmes en situation de prostitution ou souhaitant sortir de la prostitution, asbl soeur de celle du Mouvement du Nid en France.

Le 26 mars, à l’Espace Senghor à Etterbeek – 2 projections :

 A 18h: « Mes chères études » (2012) de Emmanuelle Bercot ou comment sortir de l’engrenage d’un argent si « rapidement » gagné avec l’histoire de Laura, 19 ans, étudiante, qui commence à se prostituer pour financer ses études.

A 20h15 : « Eden » (2012) de Megan Griffith ; une plongée dans la violence du système prostitutionnel qui raconte l’histoire vraie de Hyun Jae enlevée par un réseau de trafiquants au fin fond du Nouveau Mexique, état des Etats-Unis où la prostitution est légalisée.

Modération : Valérie Lootvoet, directrice de l’Université des Femmes et Renaud Maes membre de l’Observatoire de la Vie Etudiante, ULB.

Avec l’aide de la commune d’Etterbeek, d’Amazone asbl, Soroptimist International, Le Monde selon les Femmes, Awsa asbl, Ni Putes, ni Soumises, de l’Université des femmes et la Voix des femmes.

3 euros par séance.


Réservations & Infos pratiques
au 0496/34.95.20 – carreedeprojections@gmail.com

Pour télécharger le flyer avec le programme des 4 séances cliquez ici

Mais déjà quelques infos pratiques sur les lieux de projections :

Rue Traversière, 45

1210 Saint-Josse-ten-Noode

bld. de Smet de Naeyer, 145
1090 Bruxelles/Jette

Chaussée du Wavre, 366

1040 Etterbeek

  • Timeline : le féminisme en Belgique, mode d’emploi ici

Pour aller plus loin : Les Droits des femmes dans le temps-3 , un tableau récapitulatif des avancées et des reculs des droits des femmes sur le plan national comme international depuis le début du XXème siècle.

  • « Je suis féministe parce que… »: laisser votre témoignage, trouver l’inspiration sur le site quiapeurdesfemnistes.be 

Qui a peur des féministes?

Vous avez bien lu, des féministes en 2012.

Aujourd’hui en Belgique, les femmes gagnent 22%[1] de moins que les hommes. 7 viols sont déclarés chaque jour[2], la grande majorité des viols ne font jamais l’objet d’une plainte. 2/3 des personnes bénéficiaires de la Garantie de revenus aux personnes âgées sont des femmes. Le droit à l’avortement, récemment acquis, est encore fragilisé. Peut-on parler de cas isolés ? Non. Les femmes se battent encore aujourd’hui contre les discriminations, l’invisibilité, les violences, les injustices.

C’est pourquoi nous sommes fières d’être féministes, et de le dire aujourd’hui, en 2012, parce qu’il y a urgence.

« En Belgique, ce n’est quand même pas si terrible, l’égalité, vous l’avez! »

Nous refusons de nous satisfaire d’un semblant d’égalité qui maintient les femmes dans une situation d’oppression. Le marketing, le marché du travail, la société nous enferment toutes et tous dans des cases, conditionné-e-s par notre sexe avant même de savoir parler.

« Je ne suis pas féministe, mais je suis pour l’égalité entre les femmes et les hommes. »

Le féminisme se bat pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Le mot, qui a été caricaturé, moqué, ne dit pas autre chose. Pour mettre fin à la domination exercée sur les femmes dans la société, le féminisme revendique l’égalité.  

« Les féministes détestent les hommes »

Le féminisme défend une société où les femmes comme les hommes sont des individus libres avec des qualités qui leur sont propres, et que l’on ne réduit pas à leur sexe. Il ne s’agit pas d’une guerre contre les hommes, mais d’un combat pour mettre fin à une situation archaïque qui maintient chacun-e dans un rôle étriqué et caricatural.

Rejoignez le mouvement, Osez le féminisme!

1] Source: L’écart salarial entre femmes et hommes en Belgique – Rapport 2012 (PDF, 1.35 MB) disponible sur le site de l’Institut pour l’Egalité des Femmes et des Hommes

[2] Source: http://www.sosviol.be/le-viol/tous-concernes.html

Cliquez sur l’image pour voir, commenter, partager la timeline.

Pour aller plus loin :Les Droits des femmes dans le temps-3

Testez vos connaissances et gagnez un livre de Jeanne Ashbé!

Le 7 décembre, dans le cadre de la campagne I’m not a sex toy, OLF Belgique soumettait les visiteurs de Filigranes à un petit test de connaissances concernant la représentation des sexes/genres dans la littérature de jeunesse. Il nous reste deux livres de Jeanne Ashbé à offrir! Comment les gagner? Répondez à la version abrégée de notre quizz ci-dessous et envoyez vos réponses par mail avant le 20 décembre 2011 à 12h00 à osezlefeminismebelgique@gmail.com. Deux gagnants/es seront tirés/ées au sort.

1. Quand, en 1997, Anne Dafflon Novelle a analysé les livres présentant des animaux humanisés, quelle proportion de mâles et de femelles a-t-elle découvert dans ces albums?
A. 10 X plus de héros masculins
B. 2X plus de héros masculins
C. 50/50

2. Dans le livre «Hector, l’homme extraordinairement fort» (Magali Le Huche, éditions Didier Jeunesse), quel est le secret du héros?
A. Il prend des stéroïdes
B. Il tricote
C. Il mange des épinards

3. Selon une étude réalisée en 1994 par Adela Turin, quelle est l’activité de la moitié des femmes dans les livres pour enfants?
A. Elles sont institutrices
B. Elles sont mamans
C. Elles se reposent

4. En quelle année Fifi Brindacier a-t-elle été créée par Astrid Lindgren?
A. 1945
B. 1978
C. 1850

5. Selon une étude faite sur des enfants de 7 à 10 ans, que fait la maman pendant que le papa se repose dans son fauteuil?
A. Elle se repose aussi
B. Elle cuisine
C. Elle travaille

« princesse un jour, ménagère toujours » — pourquoi les jouets auraient-ils un /sexe/ ?

Tel était l’intitulé de l’émission Panik sur la ville diffusée ce jeudi 8 décembre à 19h sur Radio Panik. Andrea y représentait Osez le féminisme Belgique. Découvrez ou réécoutez l’émission en podcast!

« Tout le monde le sait, les garçons, nés dans les choux, ont besoin de marteaux et de /phalliques/ carabines pour la Saint-Nicolas.Les filles, nées dans les roses, ne dorment pas sans robe de nuit hello Kitty et méritent à Noël un beau cadeau du /genre/… un aspirateur !

Panik sur la Ville se la pète /mauvais-genre/ et vaudrait poser la question au grand saint en le tenant par les… bonbons : pourquoi, mais pourquoi diable, les fillettes voudraient éternellement s’occuper de morveux rose-bonbons pendant que les garçons-ingénieurs iraient bosser comme des moutons ? »

Ce mercredi 7 décembre, OLF lançait sa campagne I’m not a sex toy chez Filigranes

Au menu: une discussion passionnante avec Jeanne Ashbé, auteure et illustratrice, Evelyne Pinchemail de l’expo « Rose ou Bleu, seulement si je veux » et Annabelle Delonette de Vie Féminine, une séance de dédicaces, une rencontre surprenante avec Bernard Pivot, des animations pour les enfants sur le thème de le campagne, et même un quizz et des prix à décrocher!

Notre sélection de catalogues, d’initiatives et de livres spécialisés

> Des catalogues

Ce genre que tu te donnes est une sélection d’une centaine de livres jeunesse dont les héroïnes et les héros prennent à revers les représentations stéréotypées du féminin et du masculin. La sélection est complétée par des articles d’analyse qui présentent une approche originale combinant une critique de genre et une critique littéraire et artistique. Elle est le fruit du travail de la Commission jeunesse du Service général des Lettres et du Livre, composée d’une vingtaine d’expert-e-s en littérature pour la jeunesse. Cette nouvelle sélection est disponible sur simple demande à l’adresse egalite(at)cfwb.be et est également téléchargeable.

Une bibliothèque en tous genres : à la bibliothèque publique de Saint-Josse-ten-Noode (rue de la Limite, 2, 1210 Bruxelles), un fonds de plus de 500 ouvrages « en tous genres » pour la jeunesse est proposé au prêt, avec le soutien de la région Bruxelles-Capitale et de la Communauté Française.

La bibliothèque Léonie Lafontaine propose, outre une incroyable sélection d’ouvrages de référence sur le féminisme et le genre, une sélection de guides sur la mixité, pour adolescent-e-s. Prêt au grand public avec une caution de 7,5 euro par livre.

Lab’ELLE est une association dont la mission est de mettre en évidence des livres pour enfants qui ouvrent les horizons des filles et des garçons, en étant attentive aux potentiels féminins. Entre 2006 et 2010, lab-elle a sélectionné des albums illustrés, afin de promouvoir la construction de l’égalité entre les filles et les garçons: 300 albums sans stéréotypes de genre et des personnages associés à une large variété d’activités, de rôles, d’émotions et des sentiments inhabituels. Ces modèles, bousculant les repères usuels, permettent aux enfants de construire leur personnalité, d’imaginer leur futur sans se sentir cloisonnés par des codes sexués.

Talents Hauts est une maison d’édition dont la spécialité sont les livres pour enfants… contre le sexisme. Des livres où « les héros peuvent être des héroïnes, où les mamans sont des femmes d’aujourd’hui et les hommes des papas modernes, où les filles ne sont pas au bois dormant et les garçons ne sont pas les seuls à chasser le dragon… ».

> Des initiatives pédagogiques

Vie Féminine est un large mouvement féministe belge qui travaille à l’émancipation individuelle et collective des femmes. Parmi les dizaines de projets défendus par Vie Féminine, un porte spécifiquement sur les jouets sexistes. C’est la campagne « Filles et garçons : mêmes jouets pour développer toutes les capacités ! ». Depuis 2009, Vie Féminine met ainsi à disposition du grand public et des professionnel-le-s une série d’outils pédagogiques précieux parmi lesquels : « Drôles de Jeux », un dossier pédagogique sur le sexisme dans l’univers des jouets ; « Portes Ouvertes », un DVD pédagogique qui peut être commandé au secrétariat de Vie Féminine ; et enfin, un dossier d’animation qui précise la campagne et propose des pistes d’action. Plus d’infos : http://www.viefeminine.be/spip.php?article1323

« Rose ou Bleu, seulement si je veux !«  est une exposition itinérante destinée aux enfants âgés de 3 à 8 ans en groupe ou en famille. Réalisée par l’asbl Latitude Junior, cette exposition invite les enfants à travers un parcours ludique et interactif à découvrir des livres en déjouant les stéréotypes de genre, tout en cultivant leur imaginaire. Les adultes plongeront également dans l’univers de la littérature de jeunesse en la découvrant sous un angle particulier : comment y parle-t-on des filles et des garçons ? Quelle idée se font les enfants de ce que les adultes attendent qu’ils deviennent en lisant ces histoires ?

Cette exposition est mise gratuitement à disposition des bibliothèques, des écoles et des associations. Osez le Féminisme Belgique ! la présentera le mercredi 7 décembre 2011 à la libraire Filigranes.

L’association européenne Du Côté Des Filles a été créée en 1994 dans le but d’élaborer un programme d’élimination du sexisme dans le matériel éducatif, de promouvoir des représentations anti-sexistes, de produire et diffuser des outils de sensibilisation destinés aux maisons d’édition, aux créatrices et créateurs, aux parents, aux pouvoirs publics. Depuis sa création, l’association a mené un programme de recherche européen sur les albums illustrés, participé à des actions de sensibilisation, dispensé des formations sur le thème de l’égalité filles/garçons. Le site est malheureusement un peu vide mais cette association a joué un rôle historique dans l’identification du problème. L’une de ses fondatrices est Adela Turin, historienne d’art, designer et écrivaine italienne, qui avait créé dès 1974 une maison d’édition appelée Dalla Parte Delle Bambine (du côté des filles).

> Des livres sur le sujet :

Les Jouets Sexistes, collectif, paru aux éditions l’Echapée Belle, 2007. Un petit bouquin très clair et amplement documenté. On peut le consulter à la bibliothèque Léonie Lafontaine. Il a été réalisé par des membres de l’association française Mix-cité, « mouvement mixte pour l’égalité des sexes », qui a largement contribué à la réflexion sur la problématique du sexisme dans les jouets et a parallèlement initié des actions de sensibilisation et des colloques sur ce thème.

Filles d’Albums, Les représentations du Féminin dans l’Album, par Nelly Chabrol-Gagné, paru à l’Atelier du Poisson Soluble, 2011. Nelly Chabrol-Gagné est une spécialiste de la littérature jeunesse et dans cet ouvrage, paru à la rentrée, elle analyse âge par âge les représentations du féminin (et non, simplement, des filles et des femmes) dans les albums pour jeunesse de ces dernières années. C’est un livre complexe, fourmillant d’informations, passionnant – une référence pour ceux qui souhaitent aller beaucoup plus loin.

‘I’m not a sex Toy’, une campagne pour rendre au jouet sa neutralité sexuelle

N’avez-vous jamais ressenti un étrange malaise quand, à la veille des grands déballages des fêtes, vous découvrez dans les catalogues que les jouets sont classés par genre. Un malaise, dans les grandes surfaces de jouets séparées en deux mondes, l’un masculin, l’autre féminin. Depuis quand les jouets ont-ils un sexe? La campagne d’Osez le féminisme Belgique, du 1.12.2011 au 1.01.2012, se propose de débarrasser les jouets de leurs enveloppes sexuées, d’ouvrir les horizons, de balayer les stéréotypes. Sans moraliser, sans stigmatiser, et avec le sourire.

Concrètement:

-un e-journal spécial Saint-Nicolas, avec son dossier, reportage photo et sa sélection de catalogues, initiatives et livres spécialisés.

-Pour la Saint-Nicolas et Noël, dans le cadre de sa campagne en faveur des jouets non-sexistes, Osez le Féminisme Belgique propose un rendez-vous original aux client(e)s de Filigranes pour réfléchir au ‘genre’ des cadeaux : où se cachent les représentations des rôles masculins et féminins dans la littérature et les albums jeunesse ? Comment faire plaisir aux enfants en leur proposant des alternatives plus diversifiées ? Cela se passera ce mercredi 7 décembre, à partir de 14h, à la librairie Filigranes. Jeanne Ashbé, auteure belge reconnue pour ses livres pour la petite enfance, présentera son travail et répondra aux questions du public sur les processus de création des albums. L’équipe d’Osez le Féminisme assurera l’animation de la discussion. Pour terminer l’après midi, un quizz sera organisé et les gagnants remporteront des ouvrages de Jeanne Ashbé dédicacés !

-la campagne se terminera par l’envoi d’une lettre ouverte aux fabricants de jouets et aux éditeurs, cosignée par des organisations féministes, de jeunesse et d’éducation permanente, demandant aux acteurs du secteur plus de mixité dans leurs propositions.

OLF part à la recherche du jouet non sexiste…

A la Saint-Nicolas et Noël, nous sommes envahi-e-s de pubs et de catalogues, dans lesquels les représentations stéréotypées nous font bondir: les filles au repassage, les garçons au camion de pompiers, les filles à la coiffeuse et les garçons au bricolage. Pourquoi les clichés sont-ils toujours aussi présents ? Analyse… et solutions.

Pour vous, les membres d’OLF-Belgique auraient pu se geler les mollets rue Neuve un samedi après-midi hivernal, déguisées en Barbie. Si elles n’avaient pas craint le gel, la neige et le manque de crédibilité (tutu rose), elles l’auraient FAIT. Elles auraient osé. Il se trouve qu’à temps de travail égal, elles ont choisi de vous présenter un dossier documenté et, elles l’espèrent, un poil corrosif, pour répondre à cette question qui les taraude de manière proportionnelle au temps qui passe avant la Saint- Nicolas : quel est le sexe des jouets ? Alors, entendons-nous. Non, les membres d’OLF-Belgique ne cherchent pas à savoir ce que Ken porte sous son kilt. Ce qui les intéresse, ces féministes consommatrices de cadeaux, ces féministes qui ont une famille (tout arrive !), c’est de réfléchir, avec l’aide d’un psychanalyste spécialiste de l’enfance, à la manière d’utiliser l’argent que vous avez gagné pour acheter des jouets malins. Malins, comme vous allez le découvrir, ne rime pas forcément avec rabat-joie : notre méthode en trois points.

Les jouets sexistes pour les nul-le-s

Gardons l’espoir fou que notre journal n’est pas lu que par des féministes spécialistes des jouets sexistes. Hep! Vous! Halte-là, empêchez votre main de rafler la dernière robe de chichiteuse du magasin et lisez plutôt.

Lors de nos discussions, nous avons longuement débattu. En effet, si la définition du sexisme ne nous a pas posé de problème (ouf!), celle du “jouet sexiste” est beaucoup plus compliquée. Nous avions une hypothèse de départ: en effet, il est prouvé que la construction du genre et de l’identité sexuée se fait dès la naissance – et parfois même avant, si l’on pense à la layette fleurie qu’on tricote pour l’arrivée d’une petite fille. Cette construction, amplement documentée par les études de genre et les études féministes, participe d’une société où les femmes ne sont pas encore à égalité avec les hommes. Étant donné que le jeu et la lecture contribuent au développement de l’enfant et à sa socialisation de manière déterminante, il n’est pas idiot de penser que les jouets et les livres issus de la norme dominante véhiculent des clichés et des stéréotypes qui, dans une certaine mesure, façonnent la vision du monde des enfants : les garçons ont des camions pour être forts, les filles enfilent des perles sur des colliers et se pomponnent pour être belles – et ce n’est pas une caricature. Nous avons poussé les portes de plusieurs grands magasins: les garçons sont dans bien l’action, dans la démonstration de leur force ; les filles sont bien dans le rêve, ou le soin, ou le nettoyage (“fais comme maman”). La frontière entre les rayons est souvent nette et symbolisée par les couleurs bleu/garçons et rose/filles. Vous voulez une voiture électrique, mademoiselle ? Vos papiers, s’il vous plaît.

Le constat est le même en littérature jeunesse: différenciation genrée, domination masculine diffuse et équation “femme égale mère égale chariot de nettoyage” rappelant le monde des adultes. Selon l’étude Attention Album, un enfant a beaucoup plus de chances de lire un ouvrage avec un personnage masculin qu’avec un personnage féminin – de l’ordre de 60% contre 40%. Les filles entretiennent plutôt des liens familiaux, et les garçons, des liens de camaraderie. Quant aux parents, leur image est souvent stéréotypée: les pères ont un travail rémunéré à l’extérieur, les mères ont un tablier (20,8% des mères des albums étudiés…). Les femmes sont encore avant tout des mères et les hommes sont des gagne-pain avant d’être des pères. On pourrait donc dire qu’un jouet ou livre jeunesse est sexiste quand il véhicule des stéréotypes sexistes ou quand son emballage est sexiste, segmente le publiccible auquel le jouet est destiné, et exclut l’autre “groupe” selon les critères de la norme dominante qui définit les rôles sociaux du monde des adultes. Est-ce si simple ?

L’enfant libre et l’enfant pâte à modeler

Au cours de notre enquête, nous avons souvent entendu des phrases comme “nan, mamour, pas ici, c’est pour les garçons, là”, ou encore “ah, non, les journaux intimes pour garçons, pffft, c’est pour les filles!”. D’où notre angoisse pour les générations futures. Certaines d’entre nous ont même le sentiment que la différence jouets filles/jouets garçons est plus prégnante aujourd’hui qu’il y a à peine une génération. Comment les enfants de la Saint-Nicolas 2011 vont-ils s’en sortir ? Est-ce que les garçons privés de journal intime deviendront des brutes ? “Ce n’est pas parce qu’on interdit à un garçon de jouer avec des poupées qu’il va d’office être un macho à l’âge adulte”, tempère Jacques Ravedovitz, psychothérapeute analytique, formateur à la fondation Dolto et accueillant dans un lieu d’accueil enfants-parents type “Maison Verte”. Pas de destin écrit d’avance. “Cependant, il faut faire attention car l’enfant est une pâte à modeler et si les parents limitent l’enfant dans ses jeux, ils limitent son champ de créativité.”

Risque-je d’entraver le développement sexué de Poupinou/ette ?

Mais si, chère lecteur-rice, si votre enfant demande un jeu très stéréotypé ou très sexué ? Vous nous direz, légitimement: “les filles et les garçons sont différents, moi qui ai eu les deux, je peux vous dire qu’ils ne grandissent pas pareil, et pourtant, ô membres d’OLF-Belgique, je suis un-e féministe convaincu-e et je les ai élevés de la même manière”. Entre nous, nous ne savons pas déterminer où se termine l’inné et où commence le culturel. Très tôt, à notre avis : vous pouvez relire l’interview de la neurobiologiste Catherine Vidal dans notre dernier numéro. “Mais ma fille me réclame un kit de maquillage !”. Que faire ? Céder, pour laisser libre cours à la créativité de Poupinette, future make-up artist ? Mais pourquoi ce kit de maquillage est-il rose et au rayon filles ? Les garçons aussi, aiment bien se peindre le visage pour jouer.

L’aspirateur, jouet sexiste?

Les aspirateurs: on n’y échappe pas. Ils sont roses, ils sont sous nos yeux, ils nous sautent à la gorge en vrombissant. Jacques, votre avis ? “Si la maman est la seule à passer l’aspirateur à la maison, il est probable que le petit garçon sera moins tenté de passer l’aspirateur, désirant plus s’identifier à papa… L’aspirateur devient donc un objet sexué. Par contre, si papa et maman passent l’aspirateur, le petit garçon aura envie de faire comme papa et maman et donc s’amuser avec un aspirateur (jouet!). L’ aspirateur perd alors son côté sexué. ” Peut-être, mais l’emballage, lui, l’est, ainsi que le placement du jouet : allez trouver un aspirateur au rayon garçon. L’aspirateur demeure un symbole de la répartition inégale des tâches ménagères entre les hommes et les femmes: entre 19 et 65 ans, les femmes consacrent en moyenne 10 heures de plus par semaine aux tâches ménagères et près de 2 heures en plus aux soins aux enfants et à l’éducation que les hommes.

C’est pas que vous, c’est aussi le marketing

“Si les jouets continuent à promouvoir les inégalités entre les sexes, ce n’est pas parce que les personnes qui conçoivent les jouets et leur marketing sont tous des machos mais bien parce qu’il y a un public qui achète ces jouets”, analyse Jacques. Argh. La culpabilité, là, vous coupe la respiration (car vous avez fini par acheter le kit!). “Ce sont les parents qui poussent les enfants à jouer avec certains jouets et à certains jeux. En fait, si on fout la paix aux enfants, alors ils ne vont pas faire la différence entre les jouets pour filles et pour garçons. Minute! Les parents, okay, mais vous avez vu les catalogues ? “C’est vrai qu’aujourd’hui on est confronté aux jouets sexualisés, aux jouets sexistes et à l’usage sexiste du jouet. Il est très difficile pour les parents de s’en sortir. Tout comme les enfants s’adaptent à ce qu’on demande d’eux, les parents s’adaptent aux pressions sociales et aux attentes imposées sur leurs enfants. Le marketing n’est qu’une pression supplémentaire.”

Les solutions : (1) sortir de la logique de sexualisation, (2) intégrer OLF, (3)…

Cette vision des enfants à qui ont devrait juste “foutre la paix ”, pour reprendre le vocabulaire psy, nous la partageons après notre descente dans des grands magasins de jouets bruxellois. “Il faut comprendre que ce n’est pas le jouet qui est important mais le jeu ! ”, s’emporte Jacques. “Le jouet, in fine, n’est que ce qu’on en fait. Si une petite fille veut absolument une dînette ou un aspirateur ou des chaussures de princesse, il n’y a pas de raison pour lui refuser. L’idée est de ne pas rétrécir le champ de créativité, de laisser les enfants libres d’inventer leurs jeux, de les accompagner en jouant avec eux. Si nous, adultes, sortons de la logique de sexualisation des jouets, alors nous pourrons offrir aux enfants un espace où ils pourront s’épanouir en liberté et en créativité.” Première solution, donc, à décliner: mélanger les jouets des enfants, filles et garçons, dans un endroit mixte; éviter que les listes des cadeaux soient exclusivement inspirées par les catalogues traditionnels et la publicité télévisée… Solution numéro 2, 100% compatible avec la première: devenir membre d’OLF Belgique et soutenir les initiatives belges en faveur de l’éducation non sexiste. Et, in fine, solution numéro 3: acheter des oranges pour toute la famille. A part un animal de compagnie, plus bruyant et plus baveux, on n’a pas trouvé moins sexiste (mais c’est vrai que c’est un peu rabat-joie).

S.P., M.R., A. A.-C. & C.R.

Références: 1. Attention Album ! : programme européen élaboré et coordonné par l’association Du Côté des Filles (www.ducotedesfilles.org), créée en 1994 présidée par Adela Turin «dans le but d’élaborer un programme d’élimination du sexisme dans le matériel éducatif, de promouvoir des représentations anti-sexistes, de produire et diffuser des outils de sensibilisation destinés aux maisons d’édition, aux créatrices et créateurs, aux parents, aux pouvoirs publics». 2. La Direction générale Statistique et Information économique du SPF Économie a réalisé en 2008 une enquête sur l’emploi du temps des belges.